© Laurent Philippe
LES PRATIQUES ÉCO-CORPORELLES
En faisant un arrêt sur image dans cet instant d’apnée, entre inspire et expire, nous apprenons à répondre plutôt qu’à réagir à ce qui nous arrive. On qualifie ce moment de "petite mort". Comme si nous devions mourir à quelque chose pour qu’autre chose survienne…
Marine Chesnais explore dans ses pratiques, la possibilité de redonner au corps une autonomie créatrice, connecté à ses rythmes profonds mais aussi à une reliance globale et une intelligence d’interdépendance.
Les portes d’entrées sont doubles :
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PLONGÉE INTÉRIEURE. Empruntant principalement à des outils liés au Yoga, au Body-Mind-Centering, au travail du souffle propre à la plongée en apnée, aux connaissances anatomiques, à la médecine chinoise mais aussi à la permaculture, la chorégraphe cherche à ramener à la conscience, des endroits de notre corps qui ont été écartés, mis de côtés, à tous les plans de l’être. En affinant les nuances de ce qui se joue en nous, jusqu’au niveau cellulaire et énergétique, nous aiguisons nos capacités à recréer à chaque instant une Présence au monde vivante et poreuse.
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PLONGÉE DE TERRAIN. Le corps est plongé dans un environnement et/ou dans une situation inhabituelle, dans lequel il est obligé de se reparamétrer afin de pouvoir s’adapter et s’accorder avec ces nouvelles données. Comme par exemple l’immersion en milieu sous-marin et la pratique de l’apnée. Rejoignant ainsi les pratiques développées par l’Émersiologie*.
L’APPORT DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Nous apprenons à voir comme nous apprenons à sentir. Et connaître davantage comment le Vivant fonctionne, quelles sont ses stratégies d’évolution, ses modes d’adaptation, de mutualisations, de symbioses, nous permet de réactiver les liens qui nous relient et d’également mieux nous connaitre. Nous protégeons ce que nous aimons et nous aimons ce que nous apprenons à connaître…
Le développement des relations Arts & Sciences permet de rendre audible à un large public des données souvent primordiales issues des recherches scientifiques. Ces relations permettent également d’ouvrir un dialogue croisé sur l’importance de la connaissance sensible au sein même des processus de recherches, afin que le Vivant ne soit pas considéré uniquement comme un objet d’étude extérieur à nous. Œuvrer à reconnecter les Hommes de science à l’origine émotionnelle de leur objet de recherche ne pourrait-il pas modifier vertueusement leurs propres pratiques ?
Nous parlons d’écologie globale et holistique car si "nous sommes Nature", il nous faut trouver des chemins et des outils pour en faire l’expérience en nous, et en l’autre.
"Le mystère d’être un corps, un corps qui interprète et vit sa vie, est partagé par tout le Vivant, c’est la condition vitale universelle et devrait prévaloir sur tout sentiment hiérarchique et d’appartenance. " - Manières d’habiter le Vivant, Baptiste Morizot.
* « L’émersiologie, comme écologie corporelle, étudie la langue du corps vivant dans l’éveil de nouvelles sensations jusqu’à la conscience sans que celle-ci l’ait désiré volontairement ni recherché délibérément dans une performance. Éveiller son corps vivant par des techniques du corps suppose de pouvoir l’activer en le plaçant dans des situations vivifiantes qui déconstruisent le schéma corporel habituel. Plutôt que de lâcher prise dans une situation de perte de contrôle il s’agit de déclencher l’émersion en laissant passer l’involontaire et l’inconscient tout en ne s’en délivrant pas dans une transe mais dans une danse, un mouvement majoritairement contrôlé ou dans une image de motricité libérée. »
(extrait de la présentation du séminaire conduit par Bernard Andrieu à l’Université Paris-Descartes, Laboratoire TEC – Techniques et Enjeux du Corps)